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Le Pak Mei contre le Wing Chun (la thèse et l'antithèse)

Photo du rédacteur: Swc.longueuilSwc.longueuil

Dernière mise à jour : 26 sept. 2024



Le Grand Maître Nam Anh maîtrise, entre autres, deux styles distincts d'arts martiaux : le Pak Mei et le Wing Chun. Il semble donc important, en tant que disciple, de bien identifier ces deux approches afin d'assurer leur promotion et diffusion.


LA DESTRUCTION DU TEMPLE DE SHAOLIN


Suivant les enseignements bouddhistes Chan de Bodhidharma (6e siècle ap. J.-C.), le temple de Shaolin acquit une grande renommée grâce à la qualité du Kung Fu de ses moines. L'histoire de ce temple est des plus tumultueuses : il fut détruit et reconstruit plusieurs fois en fonction des alliances ou conflits avec les pouvoirs impériaux. La dynastie Ching, d'origine mandchoue, prit le pouvoir en 1644, chassant ainsi la dynastie Han, identifiée comme Ming, composée de la majorité chinoise. Au début de leur règne, sous l'empereur Kan Shi (1661-1722), le temple de Shaolin resta un puissant centre d'arts martiaux dont la renommée attirait de nombreux étudiants.


La nouvelle dynastie dut faire face à un mouvement de rébellion soutenu en secret par les religions, le monastère de Shaolin et différentes écoles de Kung Fu, car les Ching étaient alors perçus comme des envahisseurs. Exclus du pouvoir et en fuite, plusieurs dignitaires Ming se réfugièrent au temple de Shaolin pour parfaire leur entraînement martial et continuer la rébellion afin de chasser les envahisseurs mandchous. Des généraux spécialisés dans l'art de la guerre dirigeaient des armées et voyaient dans les élèves d'arts martiaux une menace. À plusieurs reprises, ils tentèrent de s'approprier les connaissances des moines.


C'est lors d'une répression sanglante ordonnée par l'empereur Chiang Lung (1736-1796) que le temple de Shaolin fut incendié et décimé. Les écoles de Kung Fu furent dissoutes. Seuls cinq moines survécurent et s'enfuirent. Ils sont connus sous le nom des « Cinq Invincibles » et se cachèrent. Ce sont : Jee Shin, Tak Fung Taoi, Mieu Hien, Pak Mei et Ng Mui.


LE WING CHUN : UN CONTREPOINT AU PAK MEI (LA THÈSE ET L'ANTITHÈSE)


La destruction du Temple de Shaolin fut à l'origine d'un grand bouleversement dans le monde du Kung Fu en forçant les survivants à innover. Pour poursuivre la résistance, il était nécessaire de former secrètement de nouveaux combattants en moins de temps tout en améliorant leur efficacité, car les moines de Shaolin avaient été vaincus par les troupes impériales. C'est dans ce contexte que trouvent leurs origines le Pak Mei et le Wing Chun. Parmi les Cinq Invincibles, l'un d'eux changea d'allégeance politique et rejoignit les Ching : Pak Mei, qui développa un nouveau style de Kung Fu basé sur le court trajet. Cette approche était révolutionnaire par rapport à la tradition Shaolin, où le Kung Fu reposait sur le long trajet. Pak Mei défia Jee Shan, qui périt dans ce combat, démontrant ainsi la supériorité de Pak Mei. Cette confrontation porta un coup sévère à la renommée de Shaolin et des Ming, tout en renforçant l'autorité des Ching et le prestige de l'école Pak Mei, qui connaissait alors un grand développement. Il devint impératif de concevoir une riposte, car l'attrait croissant du Pak Mei renforçait le pouvoir des Ching sur la population, au détriment des écoles liées à Shaolin et aux Ming.


Cependant, parmi les spectateurs ayant assisté au combat, se trouvait une autre des Cinq Invincibles : la nonne Ng Mui, qui resta fidèle au clan Ming. Pour contrer Pak Mei, désormais au service du pouvoir en place, elle devait inventer une forme de combat spécifique capable de surmonter les techniques utilisées par ce nouvel ennemi. Fondatrice de l'école Pai Heu, Ng Mui possédait les compétences nécessaires pour concevoir une réponse efficace.


C'est dans ce contexte que le Wing Chun fut conçu. Comme le Pak Mei, il utilise le chemin court, la ligne centrale, la force interne et le mannequin de bois. Il convient de noter en passant que l'utilisation du mannequin de bois remonte au Temple de Shaolin, où il existait une salle obscure remplie de mannequins de bois équipés de divers mécanismes pour l'entraînement intensif. Lors de la dernière épreuve avant la sortie définitive du temple (la descente de la montagne), le disciple devait vaincre une série de mannequins de bois disposés dans un couloir obscur menant à la sortie. S'il parvenait à franchir cet obstacle sans subir de blessures, cette épreuve finale consacrait la fin de son entraînement.


Par exemple, le mannequin de bois du Wing Chun reproduit la position de base des combattants de Pak Mei, permettant ainsi aux adeptes du Wing Chun de résister aux attaques de leurs adversaires. D'autres styles utilisent également le mannequin de bois : Choy Lay Fut, Mante Religieuse, Pak Mei. Chaque école l'a conçu en fonction de ses propres techniques, qui varient d'un style à l'autre.


Au cours de sa fuite, se réfugiant de monastère en monastère, la bienveillante Ng Mui forma trois disciples : Fung Wing Chun, Mai Wing Chun et Yim Wing Chun (la fondatrice de notre école). Cependant, ces disciples étaient en dehors du Temple de Shaolin. Chacune d'elles épousa d'anciens disciples qui étaient désormais orphelins après la mort de leur maître de Kung Fu. C'est ainsi que Yim Wing Chun épousa Leung Bok Chau. L'organisation de ces mariages renforça la résistance parmi les opposants au régime Ching. Par respect pour son épouse, Leung Bok Chau nomma le nouveau style « Wing Chun ».


CONNAISSANCE APPROFONDIE


Le long parcours du Grand Maître Nam Anh dans les arts martiaux est jalonné de plusieurs étapes clés. Après avoir achevé sa formation en Wing Chun avec le Maître Hoi Hai Long et le Grand Maître Nguyen Minh, il s'intéressa au Pak Mei. Animé par une soif insatiable de connaissances, il souhaitait revenir aux origines et comprendre le système de combat qui avait autrefois surpassé l'approche de Shaolin et donné naissance au Wing Chun. Un Grand Maître devint ainsi le disciple d'un autre Grand Maître, ce qui est extrêmement rare. Sous la tutelle de Loo Ping Woon, il devint Grand Maître de Pak Mei ! Au Vietnam, cet épisode marqua l'unification de deux écoles autrefois antagonistes, au bénéfice de la communauté des arts martiaux.


Armé de ces nouvelles connaissances, le Grand Maître franchit une nouvelle étape dans sa quête des techniques de combat ultimes, ouvrant ainsi la voie à un autre défi avec l'un de ses anciens mentors, le Maître de Taichi Kwan Say Ming, qui lui posa alors l'énigme de l'existence et de la non-existence !



Nam Ngu (Pierre François Flores)

Ceinture rouge, 4e dan


Collaboration : Malcolm St-Pierre, ceinture rouge


Traduit de l’anglais au français par:

Nam An (Alexandre Berges-Verville)

 
 
 

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