L’habit ne fait pas le moine

Grand Master Nam Anh, 2013

Pour la plupart d’entre nous, les vêtements nous protègent du froid et du vent ; ils maintiennent notre chaleur humaine et préservent notre identité culturelle… Pour les riches, c’est différent : les vêtements leur donnent une apparence adéquate et confirment leur réussite, et dans ce cas, les vêtements font l’homme.

Dans le domaine des arts martiaux traditionnels, et particulièrement dans le Kung Fu, les vêtements ou l’uniforme indiquent sans ambiguïté l’accomplissement du pratiquant. Ainsi, l’uniforme noir reflète l’apprentissage sincère et profond réalisé tout au long du Chemin. C’est par cette compréhension que Celui qui porte l’uniforme noir partage et transmet aux générations futures son savoir et son expérience, commande le respect et mérite le titre de « Maître » ou « Protecteur de la Voie ».

Depuis des temps immémoriaux, l’uniforme porté par les Maîtres de Kung Fu est considéré comme sacré car il représente les grandes qualités morales unanimement admirées et recherchées à la fois dans les Arts Martiaux et dans la société contemporaine : fidélité, loyauté, solidarité, courage, humanisme, et plus important encore, une gratitude inébranlable envers les Anciens, les Maîtres, et tous ceux qui nous enseignent, nous guident, et finalement tous ceux qui contribuent à notre bien-être.

Évidemment, la véritable valeur d’une personne ne peut être déterminée par des prétentions personnelles. La vraie valeur provient plutôt des œuvres, des accomplissements et des bonnes actions acceptées et reconnues par la société. À la lumière de cette affirmation, l’uniforme et la ceinture dans les écoles traditionnelles sont toujours accordés à la discrétion du Maître, comme une reconnaissance indubitable des compétences et des qualités requises, marquant l’espace et le temps dans l’entraînement du disciple.

Sans exception, s’attribuer un tel statut est en réalité une forme de trahison envers soi-même. Que ce soit par usurpation du titre ou par le port illicite de l’uniforme noir du Maître, s’accorder soi-même ce rang sacré témoignerait d’un manque de connaissance et d’intelligence de la part de celui qui, dans l’illusion d’une importance personnelle exagérée, déciderait soudainement de violer le code d’honneur des Anciens.

Car ce ne sont pas les vêtements qui font l’homme, pas plus que l’uniforme noir ne fait de quelqu’un un Maître !!!