Cet article a pour but de partager avec vous quelques réflexions du Grand Maître Nam Anh concernant la supposée trahison de Pak Mei, telle qu'elle a été dépeinte par le discours officiel sous le règne de Qianlung et largement diffusée depuis.
Quel que soit le type de régime politique, les autorités en place ont toujours exercé un contrôle de l'information visant à légitimer et à consolider leur pouvoir. La Chine impériale ne faisait pas exception. La dynastie Qing illustre parfaitement l'utilisation systématique de l'information comme outil de propagande et de contrôle, avec des objectifs idéologiques et politiques.
L'invasion de la Chine par la Mandchourie a évincé la classe supérieure des Ming du pouvoir. Les Qing, nouveaux maîtres de l'empire, ont élevé la philosophie de Confucius, chère aux Chinois, au rang de véritable culte d'État. Le principe de l'autorité fut réaffirmé, et l'obéissance devint une vertu, garantissant une paix sociale durable.
L'établissement de concours officiels marqua le rétablissement de bonnes relations entre l'administration et la Cour. Lors de ces concours, les candidats devaient obtenir l'approbation des autorités avant d'accéder à des fonctions officielles. Les érudits furent mis à contribution dans des campagnes vastes et constantes d'endoctrinement de la population. Ainsi, en 1670, l'empereur Kangxi, grand-père de Qianlung, publia les « Instructions sacrées », une série de 16 maximes destinées à guider le comportement quotidien de chaque sujet. Les magistrats les diffusèrent largement sous forme d'histoires, de chansons, de pièces de théâtre, qui finirent par s'intégrer dans la vie quotidienne des paysans.
Pour asseoir leur domination et garantir le respect de la noblesse chinoise, les empereurs mandchous se posèrent en grands protecteurs des lettres et financèrent de vastes projets intellectuels. Ainsi, le célèbre « Dictionnaire Kangxi » et une grande encyclopédie de 5000 chapitres furent publiés. Qianlung entreprit de constituer une collection d'œuvres classiques chinoises : littérature canonique, œuvres historiques, philosophiques et littéraires. Sur environ 10 869 œuvres, seulement 3 697 furent jugées dignes de sélection. Sous ce despotisme éclairé, une inquisition littéraire impitoyable et une censure omniprésente furent mises en place. Les œuvres jugées inappropriées par l'empire furent détruites, et les auteurs dissidents persécutés et éliminés.
Les Qing réécrivirent l'histoire de la Chine afin d'en faire la seule version officielle et acceptable. Bien entendu, ce discours historique glorifiait les Mandchous victorieux.
Cependant, des recherches archéologiques et historiques récentes ont remis en question la véracité de cette version de l'histoire. La découverte de documents anciens et de sites mortuaires soutient ces interrogations critiques.
La mort soudaine et inexpliquée de l'empereur Yongzhen (1722-1735) suscite encore des questions aujourd'hui. Pourquoi son tombeau, contrairement au protocole traditionnel, fut-il construit à plus de 100 kilomètres des tombes de son père et de son grand-père ? La Cour impériale n'a jamais précisé la cause de sa mort. Pourquoi ? Le silence des autorités a largement contribué à la propagation de plusieurs rumeurs. Parmi celles-ci, l'une affirme que l'empereur Yongzhen aurait été assassiné par Lu Siniang, une véritable légende chinoise surnommée « La Dame à la Cape Rose ».
Désirant venger la mort de son père, assassiné par Yongzhen, elle aurait reçu une formation extraordinaire auprès de Grands Maîtres en arts martiaux. Faisant partie des « chevaliers errants », elle possédait des compétences martiales de haut niveau qui lui permettaient de courir sur les toits, la rendant insaisissable. La légende raconte qu'elle aurait décapité l'empereur en lançant une guillotine volante sur sa tête. La guillotine volante était une arme spéciale composée de trois lames rotatives qui décapitaient instantanément la victime. Elle aurait utilisé cette stratégie car Yongzhen, lui-même grand guerrier, était capable de tuer à distance grâce à sa profonde maîtrise des techniques énergétiques de haut niveau. Comme personne ne pouvait s'approcher de l'empereur, son seul choix aurait été d'utiliser cette arme.
Bien sûr, les Qing ont toujours nié cela, affirmant qu'en raison de sa garde rapprochée, il était impossible pour quiconque de s'approcher suffisamment de l'empereur pour utiliser une telle arme. Une rumeur persistante soutient qu'une fausse tête aurait été placée dans le tombeau du monarque… et que des recherches archéologiques auraient confirmé ces rumeurs. Le régime continue de nier catégoriquement ces allégations.
De plus, selon le discours officiel, la destruction du Temple de Shaolin par les troupes de Qianlung fut rendue possible par la trahison de Pak Mei, l'un des Cinq Anciens ayant survécu au massacre. Très en colère après ses échecs répétés à accéder au poste de Grand Abbé, on raconte qu'il aurait décidé de se venger en livrant le Temple aux troupes impériales. Cette version de l'histoire a été perpétuée par de nombreux films, récits et œuvres écrites, et n'a donc jamais été remise en question.
Ainsi, pendant 2 ou 3 siècles, l'école Pak Mei fut vilipendée en raison de cette condamnation qui ternissait sa réputation.
D'un point de vue critique, cette version soulève des questions alarmantes. Si Pak Mei était vraiment un traître, pourquoi son école n'a-t-elle pas prospéré sous le règne des Qing grâce à sa nouvelle alliance ? Pourquoi n'y a-t-il pas eu une augmentation significative des disciples de Pak Mei ? Pourquoi les grandes écoles de kung fu n'ont-elles pas mené de guerre contre Pak Mei, comme elles le faisaient habituellement avec les traîtres ?
Aujourd'hui, il est possible de prouver que les deux livres sur les arts martiaux écrits par Qianlung contiennent plusieurs histoires qui ont été entièrement inventées.
Thus, it is pertinent to question ourselves about the authenticity of the official version of history and to question the supposed treason of Pak Mei…
Pierre Flores
Malcolm St-Pierre
Traduit de l’anglais au français par:
Nam An (Alexandre Berges-Verville)
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